dimanche 1 avril 2007

GARANTIR [vocabulaire]

I Sens dans le texte.
vb. tr. "protéger"
"rendre assuré, certifier, attester."

II Etymologie.
Verbe dérivé du subs. et adj. guarant qui correspond au participe présent d'un ancien verbe garir, issu du francique *warjan "désigner qqc comme vrai" restitué d'après l'ancien haut-allemand (bi)warian "éprouver, vérifier".

III En ancien français.
Le sens premier est celui de "répondre de, se porter garant de qqc, assurer qqc sous sa responsabilité."
Parallèlement, garantir qqun contre, de s'est employé au sens de "metre qqun à l'abri d'un inconvénient."
==> d'où le sens général de "protéger" ; jur. (1238) : "défendre qqun contre une demande, l'indemniser du tort qu'il souffre par une éviction, une condamnation."

IV En français moderne.
1/ "répondre de la vérité de qqc." (1663), "donner pour vrai".
2/ Par extension, le verbe signifie "affirmer qqc en répondant de son authenticité" (1872).
3/ jur. "fournir l'assurance de qqc." (XVIIème s.)
4/ en emploi pronominal, se garantir de qqc signifie "se protéger de".

PARLEMENT [vocabulaire]

I Sens dans le texte.
"Conversation"

II Etymologie.
Ce subst. masc. est dérivé du verbe parler avec le suffixe -ement. Le verbe est lui-même issu du bas-latin ecclésiastique parabolare (VIIème s.) qui dérivait de parabola, mot qui, au sens évangélique de "parabole du Christ" d'où "parole du Christ", a donné parabole et parole.

III En ancien français (et en anglais !!!).
1/ Le 1er sens est celui de "conversation, propos" (à rapprocher de palabre).
2/ Le mot désigne ensuite jusqu'au XIIème s. une "assemblée délibérante", un "conseil réuni pour délibérer".
a) spécialement une assemblée de notables (1208) convoquéepour prendre une décision importante.
b) jusqu'à lafin du XIIIème s., le mot désigne ainsi "l'assemblée des Grands du royaume et de notables pouvant être convoqués par le roi pour délibérer des affaires politiques."
3/ A partir de la fin du XIIème s., le mot se spécialise dans un sens plus juridique.
a) il désigne un "conseil, une assemblée siégeant en Cour de justice."
b) puis il qualifie (1260) la cour souveraine (curia regis) dans sa session judiciaire et équivaut à "cour souveraine de justice", le Parlement de Paris, qui avait certaines prérogatives politiques (entre autres l'enregistrement des édits et ordonnances royaux).

N.B : On trouve aussi le mot employé en Angleterre, d'abord du temps des rios anglo-normands pour désigner la curia regis siégeant autour du roi. Le mot anglais parliament, d'abord parlement, est emprunté (XIIIème s.) au français avec les 2 sens de "conversation, propos", puis de "assemblée délibérante". Il désigne ensuite l'assemblée législative (1330) composée de la chambre des Lords et de la Chambre des Communes (1362).
L'analogie du système anglais avec le système des Etats en France est sentie dès le XVème s. Si le mot français parlement n'est pas utilisé pour désigner les assemblées représentatives de la nation française (celles-ci étaient désignées par le mot Etats), ce n'est pas le cas en Angleterre. Le fr. parlement assumera là-bas en effet, fin XIVème s., le sens d' "assemblée législative".

IV En français moderne.
En France, seul le sens 3 "cour souveraine de justice" est conservé jusqu'à la suppression de l'institution par un décret du 7 nov. 1790, le mot parlement au sens juridique devenant dès lors un terme historique.
Mais dans les pays à régime représentatif, le mot se met à désigner l'assemblée ou les chambres détenant le pouvoir législatif (XIXème s.). Le mot est donc réintroduit en France sous la IIIème République pour désigner le Sénat et la Chambre des députés ; sous la IVème République, il désigne l'Assemblée Nationale et le Conseil de la République sous la Vème République enfin, l'Assemblée Nationale et le Sénat.
Par métonymie, parlement peut renvoyer à l'édifice abritant la salle oùse réunit le parlement.

LOER [vocabulaire]

I Sens dans le texte.
"Conseiller"

II Etymologie.
Ce verbe transitif d'abord aparu sous la forme loer (1080), puis louer (XIVème s.), représente l'aboutissement d'une évolution phonétique du verbe latin laudare : "louer", dérivé de laus, laudis : "éloge, loange, mérite, gloire."

III En ancien français.
Deux sens prédominent : "faire l'éloge de, féliciter" (du XIème au XVIème s.) et "conseiller".

Le sens juridique intermédiaire d'"approuver" (1248) est sorti d'usage dès le XIVème s.

En emploi pronominal, soi loer de, le verbe a le sens de "se glorifier de" ou "être satisfait de".

IV En français moderne.
Seul le premier sens de l'a. fr. a été conservé : "déclarer qqun ou qqc digne d'admiration."

Le verbe autorise plusieurs constructions : transitive --> louer (qqun) de, pour, sur qqc ; pronominale.

COISIR [vocabulaire]

I Sens dans le texte.
"voir, distinguer"

II Etymologie.
Verbe coisir (1050), puis choisir est issu du gothique kausjan "goûter, examiner, éprouver". LE mot appartient à la même racine indoeuropéenne que le latin gustare (> goûter) et le sanskrit josayate "il prend plaisir à".

III En ancien français.
Le sens ancien "distinguer par la vue, voir distinctement", d'où choisir de l'oeil "apercevoir" bien attesté au XVIème s., s'est éteint au XVIIème s., sauf en Suisse romande. Il a été éliminé par le sens de "prendre de préférence" (fin XIIème s.).

IV En français moderne.
Le sens qui s'impose est celui de "prendre de préférence". Le verbe supplante dans l'usage courant au XVIIème s. son doublet d'origine latine élire.

Le participe passé adjectivé choisi, choisie (XVIIème s.) présente aussi l'acception classique de "bon, excellent" dans quelques syntagmes du registre soutenu (mets, termes choisis.)

TALENT [vocabulaire]

I Sens dans le texte.
Estre à son talant : "être à sa convenance, à son goût"

II Etymologie.
Subst. masc. emprunté (1170) comme terme d'Antiquité au latin talentum désignant un poids et une somme d'argent de Grèce. Le mot latin est emprunté au grec talanton "plateau de balance", d'où par métonymie "poids indéterminé, somme pesée en or ou en argent", mot qui se rattache à ne racine indoeuropéenne °tel- "porter, supporter" (au propre et au figuré). Le latin talentum, employé dans une parabole évangélique (dite "des talents", Matthieu XXV, 14) est la source des emplois figurés qui ont produit les sens du mot. Dans cette parabole, un maître a confié des talents à trois serviteur mais seuls deux font fructifier ceux qu'ils ont reçus tandis que le troisième enfouit, par paresse et par crainte, le sien en terre ; le mot vaut ainsi symboliquement pour "état d'âme" et "aptitude", car la parabole a été interprétée comm un encouragement à servir Dieu sur terre.

III En ancien français.
1/ "humeur, sentiment, état d'esprit" (fin Xème s.)
2/ "désir souhait, volonté" d'où les locutions avoir en talent : "désirer" (1080) ; faire son talent de : "agir à son gré" ; dire à son talent : "donner son avis".
3/ le sens moderne de "don, capacité, aptitude" (XIVème s.) vient du latin scolastique talentum où il signifiait : "dons, capacités, aptitudes accordés par Dieu".

IV En français moderne.
1/ "disposition naturelle ou acquise pour réussir en qqc."
2/ en emploi absolu, le talent se dit d'une aptitude remarquable dans le domaine intellectuel ou artistique.
3/ hist. : unité de poids athénienne de 20 à 27 kg.